vendredi 18 juillet 2008

In memoriam : l'huilerie Dumortier de Tourcoing

C'était un de ces "châteaux de l'industrie" qui faisaient le paysage des villes comme Lille, Roubaix, ou Tourcoing. Un mélange éclectique d'influence médiévale, flamande et même orientale. Edifiés au fil du premier quart du siècle dernier, entourés d'un mur d'enceinte inhabituellement haut pour de l'industrie, les bâtiments couvraient la parcelle dans une densité telle qu'on pouvait comparer l'usine à une petite forteresse. Longtemps désaffectée, il n'en reste aujourd'hui qu'un terrain vague.

L'usine photographiée en mars 2004
Ce triste exemple souligne encore une fois le paradoxe de la mise en avant des réhabilitations dans les villes anciennement industrielles et la mise sous silence totale qui entourent ces démolitions inutiles.
Si il n'y a pas eu de mission photographique de "sauvegarde", on ne saura probablement pas grand chose de cet ensemble remarquable.
Vue récente du Microsoft Local Live,
on peut distinguer le beffroi/château d'eau en bas à droite de l'image

Libellés : , ,

dimanche 21 octobre 2007

La tour à plomb de Métaleurop

2003 fut l'année du scandale Metaleurop, plus d'un an de lutte acharnée pour les 830 ouvriers de la fonderie afin que l'usine reprenne son activité. Ce ne fût pas le cas et les fondeurs s'en tirèrent avec un plan social financé par les pouvoirs publics.
Au delà de cette fermeture honteuse car résultant d'une injustice économique flagrante bien qu'elle soit loin d'être seule, la tour à plombs de chasse de l'usine, véritable minaret industriel de plus de cinquante mètres de haut qui dominait le paysage du Pas de Calais eut un sort tout aussi tragique.
Dernier témoin de plus d'un siècle d'une épopée industrielle, bâtie sur un modèle de construction américain, il s'agissait d'un exemple d'architecture pour sûr unique en France, et même probablement en Europe.


Le plomb en fusion s'écoulait du haut de la tour à travers une grille. Les gouttes prenaient une forme sphérique durant leur chute. Une fois refroidies, on les récupérait en bas sous forme de plombs de chasse.

L'association "Choeurs de Fondeurs" composé d'anciens ouvriers, essaya d'inclure la tour dans le plan de réaménagement. Hélas les aménageurs, ne pouvant sans doute pas arguer de la place trop importante qu'elle prenait au sol, invoquèrent sa fragilité. Pourtant, érigée en1924 sur une structure métallique et du béton armé, c'était un véritable petit gratte-ciel de la révolution industrielle... (qu'ils nous préviennent lorsque le Chrysler Building s'effondrera de lui-même). La gracieuse tour de Noyelles-Godault fût donc dynamitée en mars 2006. Ainsi, elle rejoint sa proche voisine la cokerie de Drocourt sur la liste des monuments industriels saccagés du Nord.

Qu'est-ce qu'il restera de toute cette histoire, du dernier combat qu'on mené les ouvriers de l'usine : des mémoires aussi fuyantes que leur patrimoine, un terrain vague en somme...

Vue historique du site, à l'époque usines Penarroya (source : http://www.choeursdefondeurs.com)

A noter qu'un bande dessinée "Noir Métal" par Loyer & Bétaucourt, ayant pour cadre la fonderie est parue chez Delcourt : http://www.actuabd.com/spip.php?article3595
A voir, le site de Victor Péliks sur le patrimoine industriel, avec une série de photos et un article de la Voix du Nord relatant les dernières secondes de la tour : http://perso.orange.fr/culture.industrielle/metal.htm

Libellés : , ,