dimanche 21 septembre 2008

Windmühlen in Ostdeutschland

Reinhard Krause a photographié de 1992 à 1998 plus de 700 moulins à vent en Allemagne de l'Est, dont beaucoup en ruine.

Même s'il n'a pas organisé son recensement sous forme de typologies, son très beau travail n'est pas sans rappeller celui des Becher par la rigueur et la constance dont il faut faire preuve pour mener un sujet d'une telle ampleur sur la durée.
http://www.muehlen-archiv.de/

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vendredi 18 juillet 2008

In memoriam : l'huilerie Dumortier de Tourcoing

C'était un de ces "châteaux de l'industrie" qui faisaient le paysage des villes comme Lille, Roubaix, ou Tourcoing. Un mélange éclectique d'influence médiévale, flamande et même orientale. Edifiés au fil du premier quart du siècle dernier, entourés d'un mur d'enceinte inhabituellement haut pour de l'industrie, les bâtiments couvraient la parcelle dans une densité telle qu'on pouvait comparer l'usine à une petite forteresse. Longtemps désaffectée, il n'en reste aujourd'hui qu'un terrain vague.

L'usine photographiée en mars 2004
Ce triste exemple souligne encore une fois le paradoxe de la mise en avant des réhabilitations dans les villes anciennement industrielles et la mise sous silence totale qui entourent ces démolitions inutiles.
Si il n'y a pas eu de mission photographique de "sauvegarde", on ne saura probablement pas grand chose de cet ensemble remarquable.
Vue récente du Microsoft Local Live,
on peut distinguer le beffroi/château d'eau en bas à droite de l'image

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dimanche 21 octobre 2007

La tour à plomb de Métaleurop

2003 fut l'année du scandale Metaleurop, plus d'un an de lutte acharnée pour les 830 ouvriers de la fonderie afin que l'usine reprenne son activité. Ce ne fût pas le cas et les fondeurs s'en tirèrent avec un plan social financé par les pouvoirs publics.
Au delà de cette fermeture honteuse car résultant d'une injustice économique flagrante bien qu'elle soit loin d'être seule, la tour à plombs de chasse de l'usine, véritable minaret industriel de plus de cinquante mètres de haut qui dominait le paysage du Pas de Calais eut un sort tout aussi tragique.
Dernier témoin de plus d'un siècle d'une épopée industrielle, bâtie sur un modèle de construction américain, il s'agissait d'un exemple d'architecture pour sûr unique en France, et même probablement en Europe.


Le plomb en fusion s'écoulait du haut de la tour à travers une grille. Les gouttes prenaient une forme sphérique durant leur chute. Une fois refroidies, on les récupérait en bas sous forme de plombs de chasse.

L'association "Choeurs de Fondeurs" composé d'anciens ouvriers, essaya d'inclure la tour dans le plan de réaménagement. Hélas les aménageurs, ne pouvant sans doute pas arguer de la place trop importante qu'elle prenait au sol, invoquèrent sa fragilité. Pourtant, érigée en1924 sur une structure métallique et du béton armé, c'était un véritable petit gratte-ciel de la révolution industrielle... (qu'ils nous préviennent lorsque le Chrysler Building s'effondrera de lui-même). La gracieuse tour de Noyelles-Godault fût donc dynamitée en mars 2006. Ainsi, elle rejoint sa proche voisine la cokerie de Drocourt sur la liste des monuments industriels saccagés du Nord.

Qu'est-ce qu'il restera de toute cette histoire, du dernier combat qu'on mené les ouvriers de l'usine : des mémoires aussi fuyantes que leur patrimoine, un terrain vague en somme...

Vue historique du site, à l'époque usines Penarroya (source : http://www.choeursdefondeurs.com)

A noter qu'un bande dessinée "Noir Métal" par Loyer & Bétaucourt, ayant pour cadre la fonderie est parue chez Delcourt : http://www.actuabd.com/spip.php?article3595
A voir, le site de Victor Péliks sur le patrimoine industriel, avec une série de photos et un article de la Voix du Nord relatant les dernières secondes de la tour : http://perso.orange.fr/culture.industrielle/metal.htm

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vendredi 6 juillet 2007

Les Becher

Le couple allemand Bernd & Hilla Becher a marqué la photographie avec son approche novatrice, en l'occurrence le classement typologique des formes architecturales et industrielles ainsi que la sauvegarde iconographique des paysages usiniers en Europe et aux Etats-Unis.
Un travail réalisé sur plus de quarante ans avec une rigueur et une constance à proprement parler remarquable. Plus que de simples photos, leurs images constituent un véritable archivage de sites qui, dans leur très grande majorité, n'existent plus aujourd'hui.
Bernd Becher est mort ce 22 juin à l'âge de 75 ans, c'est donc un petit hommage que nous consacrons à ce célèbre couple dont la qualité et la valeur de l'oeuvre n'est plus à démontrer.

Les 8 hauts-fourneaux de Rombas, en Lorraine, photographiés en 1985 par le couple et dont le dernier a été démoli en 2001 (extrait du livre "Industrielandschaften").

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dimanche 27 mai 2007

"Les Monuments de l'Industrie"

Stéphane Couturier et Georges Fessy, éminents photographes d'architecture, exposent jusqu'au 13 juillet à l'Hôtel du Département de Rouen une série relative au patrimoine industriel français. On peut y voir entre autres des clichés de l'étonnante soufflerie de l'ONERA à Meudon, de la centrale de l'usine Renault sur l'île Seguin ou encore des halles Boulingrin à Reims.

Plus d'infos sur le site du collectif Ville Ouverte :
http://www.villeouverte.com/actus.html

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dimanche 20 mai 2007

Les Forges de Clabecq

Les forges de Clabecq, situées dans la banlieue bruxelloise, sont un des derniers sites sidérurgiques historiques européens encore debout. L'usine se compose d'un haut-fourneau moderne, le HF6, qui fut éteint fin 2001 et d'une partie bien plus ancienne. Ce qui fait la particularité même du site est l'ensemble aujourd'hui centenaire constitué des hauts-fourneaux 1 et 2, des châteaux d'eau et leur environnement direct. Ces hauts-fourneaux presque primitifs sont très probablement les derniers à posséder un système de monte-charge à bennes Staehler en Europe. Il en existait encore 4 autres il y a quelques années à La Louvière mais la politique d'éradication systématique du patrimoine industriel menée par les autorités wallonnes en a eu raison.

Vue depuis le haut-fourneau 1 vers le 2. On aperçoit le fameux système à monte-charge Staehler qui "orne" les deux haut-fourneau anciens.

Il est d'autant plus scandaleux qu'il n'a jamais été question en Wallonie de préserver un quelconque vestige de ces installations sidérurgiques autrefois si nombreuses et variées, et dont aujourd'hui les forges de Clabecq représentent finalement le dernier monument digne de ce nom, encore bravo...

Bref, à l'instar des papeteries Darblay, ce patrimoine industriel d'un intérêt majeur est menacé très directement de démolition. A vrai dire il est question d'une destruction totale du site depuis le début de l'année. Un manque de volonté généralisé risque là encore de sceller le sort de Clabecq...

Quelques photos des forges sur le site d'Harald Finster : http://www.hfinster.de/StahlArt2/archive-IntegratedSteelworks-en.html

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mardi 8 mai 2007

Abandoned Places

Henk Van Rensbergen a été un des précurseurs de la photographie de lieux à l'abandon sur internet : http://www.abandoned-places.com/

Il a inspiré bon nombre "d'explorateurs", nous les premiers.
Le déroulement de ses reportages, racontant systématiquement une petite histoire, créent un style unique. C'est ce qui donne à ses balades photographiques une atmosphère si riche.
De plus, beaucoup des lieux représentés, notamment en Belgique tels que la cokerie de Tertre, celle de Zeebrugge, SAFEA, sont désormais démolis. A ce titre, le travail de Henk constitue un témoignage précieux. Le sujet sur la fermeture de la cokerie d'Anderlues est un modèle du genre.

Henk vient tout juste de sortir son premier ouvrage, qui reprend le titre éponyme de son site "Abandoned Places", et s'accompagne d'une exposition à Gand, dans les locaux d'une ancienne filature.

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vendredi 27 avril 2007

Les Papeteries Darblay

A Corbeil-Essonnes, caché, oublié depuis une décennie derrière des palissades, un patrimoine unique risque de mourir. Les anciennes papeteries dites de la "Chapelle Darblay" sont en phase d'être balafrées, dévorées par les bulldozers, un pan entier d'histoire est au bord de l'oubli irrémédiable, assassiné d'un claquement de doigt, un crime, un vrai.
Implantée au début du 18ème siècle, et largement étendue au 19ème, la papeterie offre un panel unique de bâtiments historiques, rares témoins franciliens de la révolution industrielle, avec, et c'est vraiment ce qui la rend exceptionnelle, un noyau construit à la fin du 19ème ayant échappé à toute modernisation et formant un paysage urbain qui de part sa situation représente un potentiel de réhabilitation unique ou la seule chance de créer un petit centre d'activités tant l'usine est un ensemble architectural cohérent : la patine de ces vieux murs ocre rose, les passerelles, les rues, le passage de l'Essonne formant une véritable petite ville. Les urbanistes et les éventuels aménageurs n'ont finalement plus qu'à se pencher et à ramasser ce qui a été fait. Les meilleures réhabilitations sont bien souvent d'ailleurs admirées à cause des monuments originels plutôt que pour leur aspect final "rénové".

Système de voies ferrées étroites aujourd'hui unique en son genre

Injustement intégrées dans un arrêté de péril qui concernait les bâtiments situés en périphérie nord-est du site, les parties les plus anciennes de la papeterie, certes pas les plus intéressantes car modifiées, viennent d'être détruites. Est-ce un premier pas vers une destruction totale de l'usine ? En tout cas c'est une première négation de l'idée de préservation d'un site en tant qu'ensemble, c'est inquiétant d'autant plus qu'un des bâtiments concernés (celui de la première machine à papier) était en excellent état et n'appelait à aucune démolition immédiate. Il est incroyable que dans la hâte on se permette de faire table rase au lieu d'attendre tout simplement.

Ce patrimoine bâti et particulièrement le patrimoine industriel si méconnu, a cela de tragique qu'une fois disparu il ne témoignera plus jamais de ce qu'il a été, de ce que la ville aurait pu être. Darblay est directement pour Corbeil ce que les Halles ont été pour Paris, à la différence même que 30 ans se sont écoulés et que tant de massacres patrimoniaux ont d'ores et déjà été commis, que toute erreur contemporaine est impardonnable. Aux démolitions se sont souvent ajouté un manque d'idées, une politique de préservation trop souvent peu audacieuse et ne pesant aucun poids en comparaison des enjeux financiers, certains quartiers en demeureront les victimes. C'est un non sens de détruire ou de défigurer ce autour de quoi une ville a été construite. Particulièrement ces cités développées à l'ère industrielle, qui ne possèdent pas de patrimoine monumental antérieur, ni château ni cathédrale. Il faut voir ce que sont devenues certaines villes lorraines ou wallonnes comme Longwy ou La Louvière quand en Allemagne, dans les mêmes circonstances l'héritage industriel sert d'atout.

La qualité architecturale, l'emplacement, le caractère même "réhabilitable" de la papeterie n'admettent aucune excuse pour la démolir.

A ce titre, ce joyau patrimonial et architectural ne doit pas disparaître. Par miracle Corbeil-Essonnes a encore le choix.

Vue des bâtiments de la nouvelle usine. Les couleurs, l'architecture et l'état de
ruines romantiques ne sont pas sans rappeler la Vénétie ou encore la Toscane.

Pour plus d'informations historiques et techniques, vous pouvez vous référer au site de Jean-Paul : http://perso.orange.fr/derelicta/chapdarb.htm

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samedi 17 février 2007

Introduction

Nous travaillons depuis à peu près 5 ans autour des thèmes de l'archéologie urbaine et industrielle en tant que photographes.
Notant l'absence d'un site ou forum réactif, d'une quelconque structure de liaison sur le sujet, il nous a paru intéressant de créer ce blog.

Photographiant ces édifices méconnus, nous avons pris peu à peu conscience de l'étendue des démolitions, a une époque où on parle de plus en plus d'héritage industriel il est désolant de voir partir en fumée ce patrimoine unique et étonnant dans l'indifférence la plus totale. Ce petit journal consistera donc non pas un recensement exhaustif des édifices en danger ou d'ors et déjà démolis (c'est malheureusement impossible) mais en tout cas, à terme, à une tentative, un essai de liaison entre les différents acteurs en jeu.

A vrai dire c'est un peu optimiste mais ça ne coûte rien.
Dans un premier temps il s'agira d'une petite revue sur l'actualité patrimoniale, artistique et architecturale mise à jour dans la mesure de nos disponibilités.

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